Plutôt vomir que faillir
Plutôt vomir que faillir
Plutôt vomir que faillir
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Création novembre 2022

Plutôt
vomir
que
faillir

Du collège, je garde le souvenir amer de n’avoir rien compris à ce qu’il m’arrivait. De prendre de pleine face et sans casque les codes d’une société nouvelle. D’avoir vécu mille violences et perditions dans l’enceinte de mon corps et de la cour. Mes mots étaient vides de sens, je ne sais plus ce que je pensais à l’époque ni qui j’étais et si je regarde vingt ans en arrière, C’est de loin la période où j’aurais voulu qu’on mette sur ma vie des mots, des images à la hauteur de mes émotions.

J’aurais voulu être sûre de ne pas rater le virage qui me mène à qui j’étais, j’aurais voulu que le trajet vers mon identité soit bien mieux balisé. Fraîchement adulte (19 ans) et douze années durant, je retraversais les cours des collèges, avec Entrées de Jeu, une compagnie de débat théâtralisé. Nous jouions devant des centaines d’élèves autour de la vie affective, de la violence, des dangers liés aux psychoactifs et aux écrans. Des milliers de représentations en salle de perm, au CDI, dans des réfectoires, à travailler avec l’infirmière, les CPE. Aujourd’hui, je sens que mon média de performeuse, que j’ai longtemps cru réservé à des adultes, serait le juste endroit, pour décrire l’intime en construction, l’intime parfois déjà en tempête, pour poser les questions qui fâchent, et les images douces et violentes, pour parler d’un corps individuel et collectif. Vomir comme un rejet nécessaire et viscéral, une protection contre quelque chose qu’on ne digère pas. Vomir contre un ordre établi, contre un cadre qu’on n’a pas choisi. J’ai envie de parler premières fois trop tôt et trop tard, boutons sur le front, poils partout et nulle part, seins qui poussent trop et pas assez, genre à l’envers, apprentissage de son corps, communication impos- sible avec la famille, famille sans passé nommé, fratrie décomposée, silence, silence, silence, coming out, foi de nos parents, foi à soi, dépendances et prises de risque, engagement militant numérique, jets de pensée, jets d’émotions, rejet de tout.

Rébecca Chaillon


Mise en scène Rébecca Chaillon
Écriture Rébecca Chaillon et les acteurices
Avec Chara Afouhouye, Zakary Bairi, Mélodie Lauret et Anthony Martine
Dramaturgie et collaboration à la mise en scène Céline Champinot
Assistanat à la mise en scène Jojo Armaing
Scénographie Shehrazad Dermé
Création sonore Élisa Monteil
Création lumière et régie générale Suzanne Péchenart
Création dispositif réseau-vidéo Arnaud Troalic
Régie lumière Myriam Bertin Régie
Son Jenny Charreton
Régie plateau Marianne Joffre
Paroles et composition des chansons «Tout mon sang» «Et si je l’étais ?» «Poil» et «Putréfaction» Mélodie Lauret
Photo plateaux de cantine Macha Robine

Cette création a été accompagnée par l’équipe permanente et intermittente du CDN de Besançon, et notamment : Création costumes Florence Bruchon Construction du décor David Chazelet, Antoine Peccard et Thomas Szodrak Réalisation couverts Rémy de l’entreprise Savoir-Fer
Remerciements Macha Robine, Sandra Calderan, Alexia et Lyes Baïri, Corinne Lauret
Rébecca Chaillon est représentée par L’Arche, agence théâtrale.​
Production déléguée CDN Besançon Franche-Comté
Coproduction Compagnie Dans le ventre, TPR – Centre neuchâtelois des arts vivants – La Chaux-de-Fonds, Maison de la Culture d’Amiens, Le Maillon Théâtre de Strasbourg – Scène européenne, Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale, Le Phénix – Scène nationale de Valenciennes, Centre dramatique national Orléans/Centre Val-de-Loire, Le Carreau du Temple – Établissement culturel et sportif de la Ville de Paris
Avec le soutien de la DRAC Hauts-de-France dans le cadre de l’aide à la création
Avec le soutien de la Région Hauts- de-France
Résidence, Ferme du Buisson / Scène nationale de Marne la Vallée